Contrairement à ce que bon nombre d’Américains le pensent, le centre mondial de la résistance digitale s’appelle Berlin, et non Moscou, Saint-Pétersbourg, ni une autre grande ville russe.

Berlin, l’Anti-Silicon Valley : comment l’expliquer ?

Contrairement à ce que bon nombre d’Américains le pensent, le centre mondial de la résistance digitale s’appelle Berlin, et non Moscou, Saint-Pétersbourg, ni une autre grande ville russe. Comment la capitale allemande est-elle devenue le fief des hackers ? Réponse.

 Difficile de ne pas écrire sur ce sujet après la rencontre entre deux militants de renom du Net à la convention berlinoise sur la culture Internet le 5 mai 2015.

Des figures de la résistance à la domination numérique

Difficile de ne pas écrire sur ce sujet après la rencontre entre deux militants de renom du Net à la convention berlinoise sur la culture Internet le 5 mai 2015. Les militants en question ne sont autres que Jacob Applebaum et Peter Sunde. Le premier travaillait aux côtés d’Edward Snowden, chez Wikileas. Le second est l’un des créateurs de The Pirate Bay, plateforme de téléchargement illégal ayant fait l’objet d’une poursuite venant d’Hollywood en 2008. Il vient récemment de purger sa peine pendant 5 mois dans une prison en Suède. Tous les deux ont choisi de se réfugier dans la capitale allemande. Pendant qu’ils se « câlinent », le premier lance : « t’es sorti de prison ! ». L’autre a préféré répondre par : « Et toi, tu n’y es pas encore ! ». Rencontre mémorable.

Ce ne sont pas les seuls récitants digitaux attirant les hackers vers Berlin, on peut également citer L’Américaine Laura Poitras, auteure d’un documentaire sur Edward Snowden, l’Australienne de Wikileaks Sarah Harrison et L’Allemand Andy Mueller-Maguhn, membre du Chaos Computer Club (CCC).

 Le second est l’un des créateurs de The Pirate Bay, plateforme de téléchargement illégal ayant fait l’objet d’une poursuite venant d’Hollywood en 2008.

Une culture bien ancrée

Les Allemands, notamment les Berlinois, sont méfiants envers le pouvoir numérique. Il suffit de se rendre dans la capitale allemande et d’essayer de payer ses achats avec une carte bancaire pour s’en rendre compte. Rares sont les boutiques de la ville acceptant ce système de paiement, un système pourtant très utilisé dans d’autres capitales européennes. Berlin est donc une ville qui rejette, autant que possible, la domination numérique.

Les deux autres grandes raisons de cette culture propice à la venue des hackers sont historiques. Il y a, en premier lieu, la nostalgie de la République de Weimar, « le paradis perdu » et de sa démocratie, une république ayant eu, comme successeur, le nazisme. Et pour la majorité des Berlinois, la notion de la protection de la vie privée fait partie de la démocratie. L’autre raison historique est l’expérience douloureuse de la Stasi, qui n’hésitait pas à s’immiscer dans la vie privée des citoyens de l’ancienne Allemagne de l’Ouest.

Il vient récemment de purger sa peine pendant 5 mois dans une prison en Suède.

Infrastructures de qualité et « hackerspaces »

Berlin n’est pas la seule ville au monde où l’on peut réaliser son rêve de liberté et d’anonymat numérique. Mais son rôle d’antithèse de Sillicon Valley est acquis grâce à un point particulier : la qualité de ses infrastructures. La capitale allemande est d’ailleurs la seule ville au monde comptant près d’une vingtaine de hackerspaces, des espaces dédiés aux résistants de numériques. Quelques- unde ces endroits ont un renom mondial. Tel est le cas du Chaos Computer Club (CCC)  également QG d’un grand nombre de militants et d’activistes antidomination numérique et du vaisseau retrofuturiste kitsch C-Base.