UE : vers un traçage des transferts de cryptomonnaies

La Commission européenne a proposé de mettre en place un système de traçabilité des transferts de cryptomonnaies. Son but serait d’optimiser la lutte contre le financement du terrorisme (CFT), le blanchiment d’argent (AML) et de la criminalité financière. Toutefois, les experts pensent que cette méthode ne freinera pas les ransomwares.

Importance de la traçabilité

La traçabilité est une solution efficace pour lutter contre le piratage informatique. C’est notamment le cas du transfert d’actifs de cryptomonnaies. Elle interdit l’anonymat, ce qui permet de connaître les expéditeurs et les destinataires. La Commission européenne explique que certains fournisseurs de services d’actifs de cryptomonnaies appliquent les règles de l’Union européenne concernant la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Avec les derniers changements apportés, la traçabilité est optimisée pour le transfert d’actifs de cryptomonnaies comme le bitcoin. Le système émet une alerte pour prévenir leur usage à des fins de financement de terrorisme ou de blanchiment de capitaux.

Mairead McGuinness, la commissaire responsable de l’union des marchés des capitaux, de la stabilité financière et des services financiers a fait une déclaration sur la traçabilité des cryptomonnaies. Elle a indiqué que sa mise en place a engendré la création d’une autorité de lutte pour assurer l’application des règles de l’Union Européenne de façon cohérente dans le secteur privé. Cela permettra de combler les failles juridiques que les pirates peuvent exploiter. Le Conseil et le Parlement européen examineront les propositions. Si ces dernières sont adoptées, elles entreront en vigueur en 2024.

Apports des règles de traçabilité

La vice-présidente et analyste principale de Forrester Research, Marcha Bennett a expliqué que les règles de l’Union Européenne complètent celles existantes. Cela vise à renforcer la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Elle avance aussi que les failles pourront être exploitées par les hackers. Elle a déclaré que l’interdiction de portefeuille anonyme coïncide avec la proposition de la Travel Rule du Groupe d’Action Financière (GAFI). Toutefois, les portefeuilles non hébergés et non conservés ne sont pas concernés par cette proposition. De ce fait, cette traçabilité pourra être compromise à court terme, et l’effort pour endiguer la cybercriminalité en pâtira.

Un système insuffisant

Toujours selon Marcha Bennett, les cybercriminels qui convertissent leur argent vers une ou plusieurs juridictions en cryptomonnaie seront juste gênés, mais pas bloqués. S’il y a moins de surveillance, beaucoup d’espèces continuent de circuler. Pour optimiser la traçabilité et inclure toutes les formes de transfert d’actifs, elle avance qu’il faut compliquer le blanchiment d’argent et militer pour une action à l’échelle mondiale pour rendre l’accès aux liquidités plus difficile. Elle a précisé que les cybercriminels qui procèdent à de multiples attaques seront dissuadés lorsqu’ils atteignent un certain seuil. Le responsable de la sécurité de l’informatique de la FinTech Bink, Erhan Temurkan, a émis le même avis. Pour lui, les règles de l’Union Européenne sont positives, mais ont un impact mondial minime. Les pirates se servent de mixer/tumbler de bitcoins, mélangeant la cryptomonnaie à d’autres microtransactions, par exemple, pour masquer l’identité de l’expéditeur et brouiller les pistes.